Carte blanche à Éric Frasiak, avec Govrache et François Buffau.
Éric FRASIAK
Généreux à la scène comme à la ville, FRASIAK est comme les grands vins : on a envie de le partager avec les amis, et il s’est encore bonifié avec les années. Les deux pieds dans le présent, il donne des mots aux maux (« Migrant », « Colonie 6 », « Je suis humain »), manie parfois l’ironie (« C’est beau noël ») et s’inscrit dans le sillage de ses grands ainés : BERANGER bien sûr (« 44 tonnes »), BREL (« Hôtel Richelieu » reprenant la trame des « Bourgeois ») et même la verve de Bernard DIMEY (« T’as c’qu’il faut »). Ses proches lui inspirent des mots simples et beaux : « Je t’écris » allie exercice de style et sincérité des sentiments (« Y a du futur dans ma jeunesse/Quand on conjugue nos caresses ») et « Le jardin de papa » est un touchant hommage tout en pudeur (« Les morts dans les cimetières/Ça r’pousse pas/On les met dans la terre/Puis voilà »)
GOVRACHE
Depuis 2017 (1ère programmation à Jarny), que de chemin parcouru ! Les scènes partagées avec Gauvain SERS ont notamment donné à GOVRACHE une plus grande notoriété et désormais les programmateurs se l’arrachent. Un succès bien mérité pour ce virtuose des mots, qui entrechoque les sons pour faire jaillir du sens, exaltant la révolte (« Les pigeons ») tout autant que l’amour (« Ma femme »).
Chacun peut se reconnaître dans les tranches de vie qu’il nous slame : les affres de l’écolier qui n’a pas appris sa récitation (« J’avais l’choix hier aprèm’/Ça m’a pris une minute/Entre foot et poème/…Et j’ai marqué trois buts ») ; tout comme les repas de noël qui, sous sa plume empreinte d’empathie, deviennent une émouvante métaphore de la vie qui passe (« Le bout de la table »).
François BUFFAUD
De sa voix chaude légèrement éraillée, François BUFFAUD nous invite à ne jamais nous résigner (« Prendre la route »), surtout « Si chacun fait l’offrande/Du joli peu qu’il peut » (« Le colibri »).
D’image en image, il sait mettre tous nos sens en éveil (« La première fois ») ou, en quelques touches, peindre un pastel (« Les cabines de plage ») où paysage et sentiments fugaces sont suggérés avec grâce. A la fois sensible et sensuel, il met à l’honneur l’amitié (« A mi-frangin ») et les plaisirs de la vie avec un accompagnement musical aux couleurs jazzy. C’est d’ailleurs en swinguant joyeusement que le public reprend en chœur « On f’ra semblant/Quand on s’ra mort/Il s’ra bien temps/D’avoir des remords ». Une belle découverte, merci, Éric FRASIAK !