Dès la fin du XIXe siècle, les politiques vont utiliser le sport afin de fédérer nos concitoyens pour préparer “la revanche” après la défaite de 1870. Il faut régénérer le patriotisme, donner aux jeunes gens des corps d’athlètes, une volonté de vainqueur.
La Ligue des Patriotes, fondée en 1882, avec l’appui de Léon Gambetta, Victor Hugo, Paul Déroulède, a pour but de développer l’esprit civique et de préparer les jeunes à la défense de la Patrie par la gymnastique et l’éducation physique. On retrouve dans les statuts des premières sociétés sportives jarnysiennes cette volonté :
« L’association a pour but la pratique de l’éducation physique sous toutes ses formes (y compris la préparation militaire) …, de préparer au pays des hommes robustes et de créer entre ses membres des liens d’amitié et de camaraderie” Paul Déroulède
À cette même époque, les lois de 1881- 1882 rendent l’école publique, laïque et obligatoire pour les enfants de 6 à 13 ans, retirant à l’Eglise une part prépondérante sur l’éducation de la jeunesse.
De ce fait, deux courants de pensées vont se concurrencer pour développer des stuctures sportives et garder la main mise sur la jeunesse : l’une, la Fédération Gymnastique et Sportive des Patronnages de France, fédération sous aubédience catholique, animée par les prêtres des paroisses ; l’autre, La Ligue de l’Enseignement, liée à la Franc-Maçonnerie, animée par des instituteurs.
Un troisième acteur intervient également dès le début du XXe siècle. Ce sont les industriels (localement : Groupe Schneider pour la mine de Droitaumont, Compagnie de l’Est) qui développent le paternalisme pour garder la main sur leurs employés.
Les mouvement sportifs jarnysiens et les associations avant 1950
À Jarny, selon un article paru dans une revue, sous la rubrique Souvenirs, la première société sportive aurait été créée par Monsieur Gillet. Elle porte le nom de Union Sportive du Jarnisy. On y pratique la gymnastique, mais aussi l’aéromodélisme. En 1925, Monsieur Marcel Rouy, concessionnaire Citroën, en prend la direction.
Les joueurs avaient contribué, ainsi que les membres du comité, à l’aménagement du terrain qui, à cette époque, se trouvait derrière le square Toussaint, à l’endroit appelé maintenant “la carrière” (aujourd’hui emplacement de l’école Langevin- Wallon).
Les basketteurs jouaient sur un terrain en terre battue, érigé dans la cour de l’ancien garage Rouy. Il n’était d’ailleurs pas rare que la saison de basket terminée, certains éléments pratiquent une autre discipline, toujours sous les couleurs de l’USJ bien entendu, telle l’athlétisme ou la gymnastique. À cette époque, la seule distraction était le sport. On y consacrait ses loisirs pour l’entraînement et ses dimanches pour les rencontres officielles. Cette société fonctionnera sans problèmes majeurs jusqu’en 1936. Elle sera dissoute en 1939.
S’y adjoindront une section boxe, une fanfare et une harmonie. Les boxeurs se retrouvaient dans la salle de cinéma Vox, devenu “café de Bretagne”.
Les gymnastes, la fanfare et l’harmonie répètaient dans la salle des fêtes, occupée aujourd’hui par l’Espace Gérard Philipe, le cinéma.
Dans les années 30, la population de Jarny s’accroît suite au développement des mines, de la SNCF, de la SOLOTRAFER (Société Lorraine de Travaux Ferroviaires), de la Brasserie de Jarny, de la population scolaire et des moins de 20 ans également.
En 1933, Jean Aug, instituteur au groupe scolaire situé derrière la mairie, avec l’appui du maire de l’époque Charles Génot, crée l’Amicale Laïque des élèves et anciens élèves du Groupe Alfred Mézières.
On y pratique le basket sur un terrain situé derrière le groupe scolaire, la gymnastique dans la salle de sport (aujourd’hui occupée par la pétanque) et l’athlétisme sur la piste du terrain de foot municipal (actuel stade synthétique Charles Génot).
Les effectifs de l’Amicale Laïque atteindront :
Deux autres sociétés sportives vont se créer en 1936 et 1937. En effet, avec l’arrivée de la semaine de 40 heures et des congés payés, la pratique du sport se développe. En 1936, Charles Lebras, cheminot, crée l’Entente cycliste de Jarny. Le 26 mars 1937 naît l’Association des Mineurs de Droitaumont. Elle regroupe des mineurs et apprentis mineurs de la mine. Ils évoluent sur le terrain du Bois du Four, propriété de la mine de Droitaumont.
La création des centres d’apprentissage dans les mines, en 1943, renforcera l’activité sportive du Jarnisy.
Quant aux mineurs de la mine de Jarny, située à la sortie de Jarny, route de Metz, issus du centre d’apprentissage de la mine de Giraumont, ils alimenteront l’équipe de foot de Giraumont qui fera parler d’elle au plan national.
En septembre 1939, la mobilisation lors du déclenchement de la guerre 39-45 perturbe la vie sportive. Monsieur Aug est rappelé comme cadre militaire, l’Amicale laïque disparaît. La même année, l’USJ de Monsieur Marcel Rouy est dissoute. Cependant, les jeunes sportifs jarnysiens, presqu’en secret, se retrouvent dans la cour de la salle paroissiale autour d’un panneau de basket ou devant une cage de foot. Ces regroupements de jeunes gens ne sont pas vus d’un bon oeil par l’occupant, aussi faut-il trouver une structure officielle qui puisse justifier ces réunions sportives.
3 projets vont se concrétiser dans l’année suivante :
Le football (FCJ)
Les footballeurs, sous l’impulsion des deux frères Gino et Hugo Gnemmi, créent le FCJ (Football Club de Jarny) en 1940.
L'Entente Fraternelle
Les jeunes qui fréquentent la salle paroissiale demandent l’aide de l’Abbé Vouaux. Une assocation paroissiale, l’Entente Fraternelle avait été créée le 25 octobre 1935, sous l’égide des patronnages de France et de l’Union Drouot. Cette association recevait des enfants et des adolescents dans la salle paroissiale pour y jouer, faire du théâtre. Il suffit de faire un avenant aux statuts pour y ajouter une section sportive, ce qui est fait en 1941. Georges Mathis, Mario Marini, Aloïs Vetch animent les entraînements. La boxe se pratique dans les caves de l’ancienne brasserie, rue du Point du jour, dont le directeur était Monsieur Martin.
Association sportive des cheminots de Conflans (ASCC)
Parallèlement, le 30 novembre 1940, le chef de dépôt de la gare de Conflans-Jarny demande à sa hiérarchie l’autorisation de créer une Association sportive des cheminots de Conflans ayant pour but la pratique des sports dont le basket, l’athlétisme et le football. Le bureau des sports du service social de la région Est donne son accord et le 4 janvier 1941, une déclaration de la création de l’ASCC est déposéeà lasous- préfecture. Mais les vicissitudes de la guerre (feldkommandatur, direction départementale de l’Education Générale et aux Sports) n’autorisent pas la création d’une nouvelle association. Aussi, il est conseillé aux cheminots de fonctionner comme une section locale de l’Association Sportive de la SNCF. Le 1er avril 1941, Monsieur Alfred Destaing est élu président du comité de la Section.
Basket et athlétisme se pratiquent sur le terrain du Centre d’Apprentissage des Cheminots de la Compagnie de l’Est, créé en 1923 rue Victor Hugo, le foot sur le terrain municipal.
La 1ère fusion
Le 3 janvier 1943, Monsieur Destaing, président de l’Association Sportive des Cheminots de L’Est section de Conflans, demande à la direction régionale SNCF, l’autorisation de fusionner avec l’Association Entente Fraternelle du Jarnisy.
Le 23 février, la fusion est réalisée sous le nom de Association Fraternelle & Cheminots du Jarnisy. En novembre 1945, l’A.S.F.C.J. dépose ses statuts à la sous- préfecture pour agrément, sa création étant antérieure à 1940.
Cet agrément sera donné le 16 février 1946, sous le n°AF 91 963. L’association est affiliée aux fédérations françaises de football, rugby, natation, tir, athlétisme, escrime, ping-pong, basket, boxe, ainsi qu’à l’Union sportive des cheminots français et la Fédération gymnastique et sportive des patronnages de France.
La 2de fusion
En 1947, la Ligue Lorraine de Football constate qu’il y a 3 clubs de foot à Jarny : le FCJ, l’ASFCJ et l’ASMD et un seul terrain homologué. Celui-ci ne pouvant recevoir les 3 clubs dans les journées de championnat, il faut que l’un d’eux se désiste. Mineurs et Cheminots décident de fusionner.
Le 30 juillet 1947 naît l’Entente Fraternelle Cheminots Mineurs Jarny Droitaumont dont le siège social est à Jarny, Rue Pierre Sémard, centre social SNCF. Statuts, bureau de l’ASFCJ sont reconduits. S’ajoute au comité directeur Monsieur Louis Déola, moniteur d’éducation physique à la mine de Droitaumont.
La 3ème fusion
Ce sont ces mêmes statuts qui seront repris 6 ans plus tard, lors de la création de l’Union Sportive du Jarnisy, lorsque le FCJ rejoindra l’EFCMJD. Celle-ci sera effective le 17 juin 1953, lors d’une assemblée générale constitutive tenue à la salle de la brasserie Concordia en présence de Monsieur Amiel, maire de Jarny.
La composition du premier Comité directeur nous donne une image du tissu économique de Jarny dans les années 1950. Le président général, Pierre Midot, est directeur à la SOLOTRAFER. Les vices-présidents sont Philippe Vivien, docteur en médecine ; Guy Lemaire, chirurgien dentiste ; Louis Jacques, commerçant en ameublement ; Jean Forray, chef de dépôt SNCF. Le secrétaire général est André Montheillet, commerçant ; son adjoint, Charles Lebras, employé SNCF ; le Trésorier Général, Mario Marini, comptable à la SOLOTRAFER ; son adjoint, René Sacilloto, transporteur ; sont adjoints au comité 4 conseillers techniques : Messieurs Sinaeghel, Legay, Jeandel et Mathis.
Les statuts sont enregistrés à la sous- préfecture le 7 juillet 1953. Ils mentionnent que l’USJ est affiliée aux fédérations de Football, Basket, Athlétisme, Boxe et Cyclisme et à l’Union Sportive des Cheminots Français.
Le nouveau club compte donc 5 sections ayant chacune son comité.
- Celui du Football, provisoire, présidé par Monsieur Kappes, chef d’exploitation à la mine de Droitaumont, est composé en majorité de mineurs.
- La section Basket, à coloration cheminote, est dirigée par André Maurice, agent SNCF.
- En ce qui concerne les sections Athlétisme, Boxe et Cyclisme, celles-ci termineront la saison avec les comités en place.
L’USJ a pris son envol
En 1985, quand Hubert Libotte en prendra la direction, l’USJ sera composée de 12 sections.
On en compte aujourd’hui 20 : Aïkido, Badminton, Basket, Boxe Française, Cyclisme, Cyclotourisme, Escalade, Football, Gymnastique, Handisport, Judo, Natation, Pêche compétition, Pétanque, Randonnée Pédestre, Sport Boules Lyonnaises, Tennis, Tennis de Table, Triathlon et Volley-ball.